PMU, les défis de Xavier Hurstel
Il connaît certes très bien le PMU mais sa tâche ne s’annonce pas des plus aisées. Directeur général délégué depuis 2008, Xavier Hurstel a donc été nommé président du PMU en octobre dernier, à la faveur de la démission de Philippe Germond, qui a pris les rênes d’Europcar. Cet énarque de 45 ans, passionné de chevaux, prend les commandes de ce groupement d’intérêt économique (contrôlé par les sociétés de courses, France Galop et le Trot) à un moment difficile (signalons qu’il a immédiatement démissionné de la fonction publique à la demande de ses actionnaires). En effet, le chiffre d’affaires du PMU s’effrite encore en 2014 (à près de 10 milliards d’euros), la progression des paris sportifs n’ayant pas réussi à compenser le recul des paris hippiques (5 % sur l’ensemble de l’année, après une baisse de près de 2 % en 2013). Pour autant, le “retour à la filière”(c’est-à-dire presque la totalité de son bénéfice net, reversé aux sociétés de courses, pour les allocations en premier lieu) sera maintenu en dépit d’une légère baisse du résultat net de 854 à 844 millions.
La crise économique n’explique pas tout (si tel était le cas, les paris sportifs auraient suivi le même mouvement), mais le recul serait aussi dû à une lente désaffection des parieurs français pour la chose hippique. Afin d’enrayer le phénomène, Xavier Hurstel va poursuivre le plan décidé par Philippe Germond à l’horizon 2020, avec comme objectif la rénovation du réseau dit physique (83 % de son chiffre d’affaires), pour l’adapter à chaque profil de parieur ; le pari hippique devrait ainsi retrouver le coeur des villes et séduire une clientèle plus jeune via les PMU Express, Happy PMU, PMU Passion… D’ici 2017, tout le réseau aura été remis sur pied et son internationalisation aura été poursuivie pour “exporter le modèle français”. Il faut souhaiter que ce choix porte ses fruits car le PMU finance non seulement la filière hippique et équestre (ne serait-ce qu’à travers le Fonds Éperon et Equidia). Rappelons que notre système de pari mutuel (les parieurs jouent les uns contre les autres sous contrôle de l’État) est l’un des plus sûrs qui soient, à telle enseigne qu’il a été copié dans la plupart des États américains et en Asie (qui sont pourtant des joueurs invétérés !). L’État y trouve aussi son compte puisque le PMU lui rapporte environ 1 milliard d’euros par an. En aidant, soit dit en passant, peu ou prou cette filière et ses 70 000 emplois directs et indirects alors même qu’il encourage à tout va la Française des jeux et ses 12,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires (dont il détient 72 % du capital) à l’impact économique nettement plus… limité.