Plus les mois passent, plus le projet du nouvel hippodrome de Longchamp (où l’on court sans discontinuer depuis le 27 avril 1857) ressemble fort à une arlésienne. L’idée avait été initiée par Jean-Luc Lagardère en… 1995, soit voilà exactement vingt ans. Elle avait été poursuivie Bertrand Bélinguier, l’actuel président de France Galop, puis, en raison de problèmes administratifs, avait été repoussée d’un an, à telle enseigne que les travaux devraient commencer après l’Arc. Le nouveau Longchamp ne rouvrirait que pour l’édition 2017 (l’Arc 2016 se déroulerait à Chantilly).

 Personne ne conteste qu’aujourd’hui, la configuration et les tribunes actuelles qui datent des années 1960 (seule la tribune dite du Pavillon datant de 1924 a été conservée) sont vieillissantes et peu adaptées avec des coûts d’entretien et de maintenance importants. Pendant ce temps, les grands hippodromes du monde entier ont été revus de fond en comble pour devenir des complexes ultramodernes que cela soit Ascot en Angleterre ou bien sûr Meydan à Dubaï. D’où la volonté de faire de Longchamp un complexe hôtelier et sportif de premier plan.

 Après concours, France Galop a désigné le cabinet d’architecte Dominique Perrault (qui a réalisé entre autres la Bibliothèque nationale de France). L’estimation de la rénovation serait de l’ordre de 120 millions d’euros (l’extension de Roland Garros s’élève à 400 millions, la construction d’Ascot à 300 millions). Un chiffre a priori raisonnable mais ce projet intervient à un moment où les courses françaises traversent une passe difficile. Avec la baisse des enjeux du PMU, France Galop prévoit un déficit de plus de 50 millions d’euros sur trois ans (2014 à 2016). Alors dépenser plus de 100 millions d’euros passe mal auprès des professionnels (éleveurs, entraîneurs…) dont la situation financière est plus que tendue. France Galop a des arguments à faire valoir : le budget a été en partie provisionné et les courses ont besoin d’une vitrine. Sans compter que l’hippodrome pose un problème de sécurité : l’électricité n’est plus aux normes et une partie de la piste, jugée trop souple par les professionnels, est à revoir. Quand bien même le nouveau Longchamp est impératif fallait-il choisir un architecte de renom ? Autre problème : pour financer une partie du budget et les éventuels surcoûts, on parle du Qatar, mais quelle sera la contrepartie ?