Reportage

Dans la foulée des Anglais à Pau

Dans la foulée des Anglais à Pau
David Cottin sous les couleurs de Magalen Bryant, David Powell et l'entraîneur palois Jacques Ortet @APRH

Le cheval est présent dans le Béarn depuis la nuit des temps. Les Anglais, séduits au XIXe siècle par la douceur du climat, firent de Pau une ville de villégiature, de chevaux et de courses. C’est toujours le cas aujourd’hui.

Le cheval à Pau ? Plus qu’une aventure, un destin dont l’épilogue n’est heureusement pas encore écrit. Les preuves sont devant nous, vivantes et intemporelles. Ce sont les Étoiles qui, à la fin octobre, rassemblent les meilleurs cavaliers internationaux de concours complet ; c’est encore le meeting de courses d’obstacles qui, de décembre à février, voit s’affronter les meilleurs “sauteurs” de France, sous l’oeil attentif d’acheteurs irlandais et anglais venus faire leur marché. On ne le sait pas mais la présence d’Anglo-Saxons n’est que le prolongement d’une vieille affaire…

 Si, au cours de l’histoire, Français et Anglais ont souvent croisé le fer, il en a été tout autrement dans la cité paloise. C’est autour des comtes de Foix et des rois de Navarre que s’écrivent les premières pages de son histoire. La petite bourgade prend de l’importance quand elle devient la capitale du Béarn en lieu et place d’Orthez en 1464. Les rois de Navarre en font leur résidence jusqu’à ce que l’un d’eux y naisse et monte sur le trône de France sous le nom d’Henri IV, comblant la petite cité d’une gloire immortelle… Longtemps figée dans ses particularités régionales, elle doit aux Anglais la plus fulgurante des métamorphoses après 1830. Une communauté britannique fortunée, séduite par le climat exceptionnellement doux qui règne en hiver sur les bords du Gave, s’installe alors dans la ville qui dort depuis des siècles à l’ombre de son château. La petite ville est tirée de son sommeil par la frénétique agitation de ses hôtes aux coutumes étonnantes et pour lesquels le sport est notoirement une seconde nature. À l’époque où le cheval est la pièce centrale de la vie sociale, quelques aristocrates venus d’ailleurs mettent la cité paloise à l’heure des grands divertissements de plein air dont le golf, la chasse au renard et les courses de chevaux sont les plus emblématiques. La haute société internationale afflue faisant de Pau pendant près d’un siècle le lieu de villégiature le plus élégant et le plus prestigieux d’Europe.
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 Sous la Restauration, puis la monarchie de Juillet, les courses de chevaux deviennent à la mode en France alors qu’en Angleterre elles sont en vogue depuis plus de cent ans. Le comte de Saint-Cricq, aidé par le duc et la duchesse d’Orléans crée dès 1839 la Société d’encouragement des Basses-Pyrénées. Le 6 septembre 1842, un hippodrome provisoire, avec des tribunes en bois, est inauguré sur 36 hectares situé sur les landes du Pont-Long. Il faut attendre 1855 pour que soient créées deux pistes tracées en diagonale, de dix mètres de large, où seront construits cinq obstacles : trois fossés et deux murs en pierres sèches. La Société d’encouragement fait courir en obstacle, mais aussi en plat : la première poule d’essais fut courue en 1860, elle fut gagnée par Sylvio appartenant à M. Jordan et monté par… lui-même.


 Cependant les débuts de l’obstacle sont difficiles à mettre en place. La Société des steeple-chases de France ne verra le jour qu’en 1863 et Auteuil qu’en 1873. La chasse au renard et le point to point conditionnent beaucoup la conception des parcours, des obstacles et des courses sur l’hippodrome de Pau. Il semble d’ailleurs que la plupart des premiers partants soient des chevaux de chasse qui alternent allègrement hunt, race et point to point. Bertall remarque : « À cet hippodrome charmant, rien ne manque, rien si ce n’est les chevaux. Il y en a tout au plus cinq ou six qui se disputent quelques maigres prix. Il faudrait pouvoir donner à ces prix un peu plus de corps pour que des chevaux véritables et des jockeys habiles prissent le chemin de fer et trouvassent avantageux de venir disputer aux coursiers de l’endroit. » Il avait raison : la municipalité paloise est consciente de l’intérêt croissant du public pour les courses. Formidable propagande pour attirer la gentry, elles participent à la prospérité du pays car la clientèle dépense sans compter : « l’annonce d’une journée de courses supplémentaire rapporte plus que toutes les affiches illustrées », lit-on dans l’Indépendant du 19 février 1904 ...Lire la suite...

Le meeting d'hiver de Pau se déroule du 6 décembre 2014 au 22 février 2015