Sur le terrain

Un jour avec ... Timothée Anciaume : la patience, sa longueur d’avance

Un jour avec ... Timothée Anciaume : la patience, sa longueur d’avance
Timothée Anciaume en selle sur l'étalon des Haras nationaux Paddock du Plessis, lors du Grand Prix Longines Global Champions Tour à Chantilly en juillet 2014 © Christophe Bricot/DPP/AFP

Le cavalier international français de CSO symbolise à lui tout seul les grandeurs et les difficultés de ce sport. À force de patience, il revient peu à peu vers le très haut niveau, sans que cela soit une “obsession”. Portrait de celui qui aime façonner les chevaux.

En ce début décembre, la Normandie apparaît presque fantomatique. Sur le plateau nord de Rouen, passé la zone portuaire, le ciel est bas, une brume flotte, tenace, qui n’aurait pas déplu à La Varende. Soudain, de ce froid et cette humidité ambiante, de cette terre à l’herbe grasse, des paddocks et une carrière encaissée avec une vue imprenable sur la vallée (encore qu’aujourd’hui…) surgissent. C’est ici, entre Saint-Georges-sur-Fontaine et Fontaine-le-Bourg, que Timothée Anciaume, cavalier international de CSO (concours de saut d’obstacles) est installé depuis deux ans.

À 36 ans, ce Normand pur sucre symbolise par bien des aspects les grandeurs et les vicissitudes d’un cavalier de haut niveau. Les grandeurs ? Il a signé plusieurs victoires dans des grands prix 5* (c’est-à-dire les épreuves les plus difficiles et les mieux dotés, notamment à Valence en 2010), a été membre de l’équipe de France et a remporté la coupe des Nations notamment sur le terrain légendaire d’Aix-la-Chapelle en 2009, avec Jarnac et Lamm de Fetan (« un phénomène, il a tout ce que l’on peut rechercher dans un cheval de sport », affirme-t-il). Les vicissitudes, pour ne pas dire les désillusions ? Il y a maintenant cinq ans, quand ses chevaux de tête ont été vendus du jour au lendemain à Julio Arias Cueva (pour le premier) et à Édouard de Rothschild (pour le second), ce qui lui a valu une longue éclipse du très haut niveau et des très grands terrains du monde.

 « Cet épisode a été douloureux mais c’est du passé, autrement on ne fait plus rien » : le ton et le regard sont clairs, sans l’ombre d’un doute. Il n’y a aucune amertume, ni colère froide. D’ailleurs, ce haut niveau, il l’a retrouvé en 2014, avec en point d’orgue, un titre de champion de France sur le terrain du Grand Parquet de Fontainebleau avec Quorioso Pré Noir, vingtsix ans après celui qu’il avait remporté dans la catégorie poneys…

 Cette philosophie s’explique par une certaine conception des chevaux et du sport, tout comme Jérôme Hurel (membre de l’équipe de France) par exemple. Depuis près de trois décennies, il vit pour le sport et le cheval. « Tout ce que je sais à cheval, je le dois à 80 % à mon père », confie-t-il. Son père, Patrick Anciaume, a en effet dirigé la Société hippique urbaine de Rouen à Mont-Saint-Aignan, près des installations de son fils (et c’est d’ailleurs après la retraite de son père qu’il a déménagé). Son parcours est classique et sans anicroches : poneys, jeunes cavaliers, avant de passer professionnel et se forger une solide réputation de formateur. « C’est un cavalier qui respecte les chevaux », dit de lui Olivier Jouanneteau, ancien cavalier international de CSO.

 Le passage chez de grands hommes de chevaux n’est pas étranger au talent de Timothée Anciaume. Gilles Bertrán de Balanda (ancien grand cavalier international, ancien entraîneur de l’équipe de France de CSO) lui apporte « sa technique, son souci constant de la perfection » ; et Éric Navet, champion du monde en 1990 avec Quidam de Revel, chez qui il passa un an, lui offre son approche (« Il m’a instruit sur ce qu’est un cheval, son dressage et sa progression. J’ai aussi beaucoup appris avec lui dans la gestion d’une écurie et celle des hommes. C’est lui qui m’a parlé de la nécessité d’une méthode »)...Lire la suite...