Confidences

Sylvie Robert : "Travailler pour ma passion est un privilège"

Sylvie Robert : "Travailler pour ma passion est un privilège"
Sylvie Robert en compagnie de Michel Robert avec qui elle continue de travailler © Jean Morel/PSV

Le salon Equita qui s'est tenu à Lyon, fin octobre, a été créé en 1995. Cet événement s’est imposé comme la plus importante manifestation en France du monde du cheval sous quasiment toutes ses formes. Les chiffres de la dernière édition donnent le vertige : les 130 000 mètres carrés d’Eurexpo Lyon ont accueilli, en quatre jours, pas moins de 150 000 spectateurs, 700 exposants, 3 000 chevaux… En point d’orgue du salon : un CSO (concours de sauts d’obstacles) et de dressage de très haut niveau puisqu’Equita reçoit depuis 2008 une des étapes de la Coupe du monde de ces disciplines. Fort de cette réussite, Lyon a été choisi en 2014 pour organiser les finales du circuit de ces deux disciplines. À l’origine de ces très grands succès, un groupe lyonnais, GL events, spécialiste de l’événementiel (900 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014 ; il organise 300 salons dans le monde et a été également chargé de la Coupe du monde de football à Rio l’année dernière), et une femme, Sylvie Robert, responsable du secteur équestre. C’est elle, en quelque sorte, qui tient les rênes de deux des plus beaux concours français puisque GL events accompagne aussi, depuis ses débuts en 2010, la maison Hermès dans l’organisation du Saut Hermès au Grand Palais à Paris. De son parcours, de l’évolution du monde équestre et du sport, Sylvie Robert s’en ouvre à Jours de Cheval.

Travailler dans le monde du cheval est-il un prolongement naturel de votre existence ?

 Je dois reconnaître que la vie a bien fait les choses. Rien ne résiste à une passion a-t-on coutume de dire et c’est vrai. Les chevaux ont toujours été une passion dévorante, passion qui vient peut-être de ma mère qui était cavalière. Quoi qu’il en soit, je suis à cheval depuis l’âge de 10 ans, presque sans interruption. Aujourd’hui, j’ai l’immense chance d’avoir une dizaine de chevaux, y compris les vieux serviteurs à la retraite, de pouvoir sortir en concours à un bon niveau [Sylvie Robert participe régulièrement à des CSI 2*, sachant que ces épreuves-là vont jusqu’à 5*, pour les plus dotées et les plus relevées, NDLR], de travailler avec cet immense cavalier – et voisin puisqu’il habite en Isère – , qu’est Michel Robert. Une heure passée à cheval n’est jamais une heure perdue ! C’est un sport qui forme et révèle les caractères car l’entente entre deux êtres vivants, ayant chacun sa volonté et sa personnalité propres, n’est pas l’évidence même. Ce qu’il y a de formidable, c’est que chaque cheval est un cas particulier. L’équitation est tout, sauf une science exacte.

 Je suis également éleveur. Quel immense plaisir que de voir évoluer, progresser les produits de ses juments de concours. C’est un exercice bien difficile que celui d’élever, car vous pouvez avoir un cheval aussi irréprochable dans son modèle, ses origines qu’il est décevant en concours. Il faut de la science, des soins, de l’intuition et de la chance.
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 Comment a commencé l’aventure d’Equita ?

En ce qui me concerne par hasard quand j’ai mis un terme à mes études de médecine. Je suis entré chez GL events, société organisatrice d’événements fondée par mon frère Olivier Ginon. J’ai découvert et appris tous les métiers de l’événementiel et de l’exposition. Lorsqu’Equita a vu le jour en 1995, nous n’étions que des prestataires. Ce fut pour la première édition un succès populaire indéniable, mais financièrement beaucoup plus délicat. Nous avons repris le flambeau pour une somme symbolique. Un sacré pari, nous étions propriétaire de l’événement avec un passif très important – que nous mettrons dix ans à absorber. Nous avons toujours cru à son potentiel. Nous avons voulu rassembler toute la famille équestre et hippique dans son ensemble, de l’amateur éclairé au professionnel patenté. Moins de dix ans après notre reprise, nous avons organisé notre premier concours 5*, aussi bien en dressage qu’en CSO : cela a été pour nous une première grande reconnaissance. Nous avons été intégrés dans le circuit de Coupe du monde en 2008 si bien que nous sommes aujourd’hui un événement incontournable du calendrier sportif mondial. Quelle fierté de recevoir les meilleurs chevaux et les meilleurs cavaliers du monde ! Un chiffre pour vous donner une idée du développement d’Equita : en vingt ans, la surface d’exposition est passée de 30 000 à 130 000 mètres carrés. Bien évidemment, le travail de mes équipes a été récompensé lorsque nous avons été désignés pour accueillir la finale de la 36e Coupe du monde de ces deux disciplines en avril 2014 (les Longines FEI World Cup Jumping Final et Reem Acra FEI World Cup Dressage Final). Nous sommes très fiers de la place que Lyon a prise rapidement dans le circuit mondial. Je suis parfaitement consciente que de pouvoir travailler dans ce qui me passionne est un privilège...Lire la suite...