Saut Hermès : sous la coupole des arts équestres
En 2010, Hermès a mis fin à plus de cinquante ans d’absence du cheval au Grand Palais. Les 14-15-16 mars, les meilleurs cavaliers de saut d’obstacles s’y affronteront l’occasion de la cinquième édition de ce concours. Un juste retour de l’histoire… équestre dans le “Palais des arts”.
Dans quelques semaines, c’est un étrange ballet qui va animer Paris, entre le pont Alexandre-III et les Champs-Élysées, au Grand Palais très exactement. Il ne s’agira pas là d’une improbable exposition d’art
contemporain, ni d’un défilé d’un grand couturier, mais d’abord d’un bruit, celui si caractéristique des fers des chevaux sur le bitume, de ces mêmes chevaux qui tournent dans leurs box, et d’une odeur, celle du crottin. Ces bruits, ces odeurs sont ceux du Saut Hermès. Pendant trois jours, la légendaire coupole de verre et son dôme magistral de 6 000 tonnes accueilleront sous l’égide d’Hermès, pour sa cinquième année consécutive, l’un des plus beaux, l’un des plus prestigieux et l’un des plus relevés CSO (concours de saut d’obstacles).
D’abord parce qu’il réunit ce qui se fait de mieux en matière de “concours”, comme on dit dans le jargon, avec en apothéose, le dimanche, le Grand Prix Hermès, doté de 200 000 euros, devant plus de 4 000 personnes ; les plus grands cavaliers et les plus grands chevaux sont là qu’il s’agisse des Allemands Marcus Ehning (vainqueur de la première édition), de Ludger Beerbaum (vainqueur de la dernière), des Suisses (à commencer par Steve Guerdat, champion olympique en titre), des Suédois, des Anglais et, bien sûr, des Français Patrice Delaveau, Roger-Yves Bost, Kevin Staut ou Penelope Leprevost. Ensuite, parce qu’il est l’un des seuls concours à se dérouler en plein coeur d’une capitale, et qu’il a une résonance historique incomparable.
Organiser des épreuves dans ce « Monument-Capitale », comme le décrit l’historien et diplomate Yves-Saint-Geours qui dirigea cet établissement public et lui a consacré un livre (Gallimard, collection “Découvertes”, n° 540), n’a rien d’une tocade, ni d’un caprice, bien au contraire. Certes, ce « vaisseau de verre, de fer et de pierre » n’a pas volé son surnom de “Palais des arts”. N’a-t-il pas accueilli des expositions prestigieuses, d’ambitieuses rétrospectives, le salon du Livre à un moment, la Biennale des antiquaires à un autre ? Mais sait-on que son architecture même et son histoire ont été profondément influencées par les sports équestres ? Sait-on que de 1901 à 1957, de très grands cavaliers de saut d’obstacles y connurent des moments de gloire ? Comme le résume avec justesse, Michel Robert, le grand cavalier français de CSO, tout juste retraité, et consultant pour le Saut Hermès depuis ses débuts, « le Grand Palais appartient à l’histoire équestre. Pour tous les cavaliers en compétition, ce site réveille de vibrants souvenirs ». « Un cadre d’exception et un lieu mythique pour une génération de cavaliers qui n’étaient pas encore nés ; avec des parcours devenus légendaires, ceux de grands cavaliers français comme Pierre Jonquères d’Oriola », constate de son côté Philippe Rozier, autre cavalier français. Quand les sports équestres ont retrouvé en 2010 le Grand Palais après plus de cinquante ans d’absence, c’était bien plus qu’un événement, mais une renaissance. « Recevoir un tel concours, c’est renouer avec ses racines », avait dit avec raison à cette occasion, le président du Grand Palais, Jean Cluzel. Souvenons-nous...Lire la suite...