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Kevin Staut : la quête de la perfection

Kevin Staut : la quête de la perfection
Kevin Staut au double parcours : éleveur-entraîneur et n°1 mondial © R&B Presse/Pascal Renauldon

PORTRAIT. Voici l’histoire d’un parcours atypique. Mais exemplaire. Celle d’un énorme bosseur, volontaire, dur avec lui-même dont la démarche va au-delà de la quête de gloire sportive.

Le haras de la Forge est une magnifique propriété au coeur du Pays d’Auge, une ancienne écurie de polo dont le terrain a été transformé en spring-garden où Kevin Staut et Rêveur de Hurtebise HDC nous attendent pour une première séance photo. L’environnement est apaisant, loin du fourmillement des concours. Ces trois jours par semaine que Kevin Staut et Patrice Delaveau passent au haras de la Forge sont un équilibre indispensable. Les écuries sont parfaites, claires, plus propres qu’une clinique suisse, les chevaux s’y sentent bien, c’est évident. Pas une once de stress dans cette atmosphère pourtant laborieuse, pas un bruit de trop malgré la présence du maréchal, du vétérinaire et de l’armée de grooms. Tous les chevaux passent quelques heures quotidiennes au paddock, même les “olympiques” Rêveur et Orient Express.

 “QUAND JE SUIS ICI, JE MONTE TOUJOURS SILVANA”

D’ailleurs, dans le petit pré devant le manoir, on reconnaît Silvana qui a toujours droit au même traitement que les chevaux en activité, elle est magnifique. Le concept imaginé par Armand et Emmanuèle Perron-Pette est une réussite qui n’est pas loin de ressembler à l’écurie parfaite. Jusque dans les salles de “services”, selleries, coin pause-café pour les grooms et ce salon de réception où Kévin Staut nous reçoit autour d’un café-Perrier et se remémore pour nous ce trajet qui l’a mené jusqu’à La Forge : « J’ai eu un début plutôt aisé grâce à mon grand-père qui avait de bons moyens. Il aimait sa famille et nous étions peu dans la descendance et il a vraiment voulu m’aider autant que faire se peut. »

 Mais c’était encore trop tôt car le jeune homme, à peine sorti de l’adolescence n’était même pas encore certain de vouloir devenir cavalier professionnel bien qu’il fût en stage chez les… Delaveau avec des chevaux confiés par ce grand-père généreux. Kevin refuse alors de prendre en main l’installation que son grand-père lui apportait sur un plateau dans la propriété familiale entre Deauville et Honfleur : « Mon bagage technique était insuffisant, même si je n’étais pas encore dans la perspective du sport de haut niveau. Je ne me sentais pas déjà capable de développer un business que ce soit de la valorisation ou du commerce… » Une posture raisonnable qui allait créer une tension entre grand-père et petit-fils qui préféra aller poursuivre son apprentissage à Aix-en-Provence chez Michel Hécart : « Michel était le seul professionnel que je connaissais en dehors des Delaveau chez qui se trouvaient encore les chevaux de mon grand-père. Mais une rupture était nécessaire ».

 Michel Hécart emmène alors Kévin sur le Sunshine Tour, en Andalousie, où il lui confie d’excellents chevaux. L’aventure durera une année et demie pendant laquelle il se voit offrir la possibilité de participer au Championnat d’Europe jeunes cavaliers, « alors que je n’avais jamais fait de Championnat d’Europe junior. Il m’a vraiment donné ma chance, j’ai pu aussi faire le Championnat de France de 2ecatégorie, ce fut un super moment ». Mais Michel Hécart a alors décidé de partir s’installer en Normandie avec un nouveau concept : élevage et valorisation de jeunes chevaux. Une réorientation qui ne correspondait plus au projet de Kevin : « Non pas par orgueil, mais après avoir goûté à la compétition de bon niveau, je me suis dit que j’avais peut-être une petite chance d’y arriver. »

 Et c’est ainsi qu’il débarque chez Hubert Bourdy ...Lire la suite