Reportage

Pompadour Citadelle en Limousin

Pompadour Citadelle en Limousin
Le cadre, les parcours d'obstacles et la piste en sable caractérisent l'hippodrome de Pompadour Photo©Robert Polin

La Cité du cheval est synonyme du caprice d’une femme, d’élevage multiséculaire, de l’histoire des Haras nationaux, de grandes joutes hippiques et équestres. Visite d’un écrin.

En prenant le nom de Pompadour, Jeanne Antoinette Poisson, la célèbre maîtresse de Louis XV, ne se doutait pas de l’éclat dont elle allait illuminer cette minuscule bourgade du Limousin, enchâssée entre sa forteresse et son prieuré. L’émotion est toujours vive pour le voyageur quand, au bout de l’interminable petite route qui serpente entre les vergers de pommiers, apparaît soudain, au pied du monumental château médiéval, la vaste cuvette verdoyante de l’hippodrome ; elle s’étale jusqu’à la lisière de la forêt en offrant au soleil d’été ses obstacles épars cernés par la piste en sable. L’homme de cheval ne va pas à Pompadour par hasard : pour lui, et pour lui seul, la beauté et la majesté des lieux procèdent du sacré. Enraciné dans une terre d’élevage depuis le haut Moyen Âge, loin de l’Olympe cantillien et de la pourpre normande, Pompadour est en effet le sanctuaire de la vie hippique et équestre provinciale. Sorte de lieu de culte où tous les passionnés de chevaux viennent régulièrement en pèlerinage. Surnommée la “Cité du cheval”, cette commune est l’aboutissement de plusieurs longues histoires qui se confondent : celle d’une terre où depuis plus de mille ans sont élevés des chevaux réputés, d’un coin de Limousin devenu immortel par le caprice d’une femme et enfin de l’un des plus beaux haras de France qui, depuis Louis XV, étend son ombre tutélaire sur une région exceptionnelle au service du cheval.

 Pompadour plonge ses racines dans les siècles qui ont vu la fin des grandes invasions et la mise en place de la société féodale. Celle-ci, à l’image de son temps, pieuse et belliqueuse, couvre les campagnes de tours et de châteaux forts tout en bâtissant force prieurés, églises et monastères. C’est l’époque des chevaliers, ceux qui combattent à cheval, au nom du roi et de Dieu. Guy de Lastours qui construit le premier château fort de Pompadour en 1026, est de ceux-là. En le construisant sur ce site le plus élevé de la région le château fort de Pompadour, il contrôle l’axe stratégique entre Limoges et Brive et taquine le vicomte de Limoges qui ne lui est pas sympathique…

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 La relation entre le cheval et le Limousin est une longue histoire qui commence par cette fameuse société féodale chantée par les troubadours. Le cheval est l’outil essentiel de l’homme de guerre de l’époque. On a cependant peu de renseignements sur les caractéristiques de ces chevaux en dehors de quelques représentations sur les fresques, les basreliefs ou les émaux. Il semble qu’ils étaient de petite taille et puissants. Le cheval est alors un objet de luxe, son élevage est l’affaire de la noblesse et du clergé. Il vaut fort cher et sert souvent de monnaie d’échange, notamment pour acheter des terres. Seuls les monastères et les grands seigneurs peuvent se permettre de posséder poulinières et étalons. Le cartulaire de l’abbaye d’Uzerche mentionne la présence de nombre de chevaux et juments à la fin du XIe siècle. L’abbaye cistercienne de Dalon, fondée en 1114 à vingt kilomètres de Pompadour, devient célèbre pour la qualité de son élevage dont elle enseignera les savoir-faire dans la région. De nombreux élevages sont recensés aussi sur les réserves des grands domaines...Lire la suite...