Sur le terrain

Quand sonne l'heure de la retraite

Quand sonne l'heure de la retraite
Un vieux cheval au pré reconnaissable à son dos ensellé © RMEO/ALAMY

Avec les progrès de la médecine vétérinaire et les soins dont ils sont l’objet, les chevaux vivent de plus en plus vieux. Des précautions sont à prendre et des traitements à suivre pour retarder l’irréparable…

C’est ce que les sociologues appellent une tendance lourde : comme les hommes, les chiens ou les chats, les chevaux vivent de plus en plus vieux si bien qu’un quart des équidés français auraient plus de 15 ans et 6 à 7 % plus de 20 ans. À l’origine de ce phénomène, la médecine vétérinaire qui a fait des pas de géants mais aussi l’attention dont font l’objet les chevaux aujourd’hui. En effet, l’équidé, animal de rente, utilitaire, est devenu cheval de loisir avec presque – à tort ou à raison – un statut d’animal de compagnie. Cette évolution s’est accompagnée d’une prise de conscience des propriétaires sur la meilleure façon de prendre en charge leurs vieux serviteurs qui leur ont procuré tant de joies et d’émotions, jusqu’à ce que survienne l’irréparable.

 Si le vieillissement est une évidence naturelle son origine précise n’est encore qu’hypothèses comme l’a souligné le docteur-vétérinaire Philippe Ciantar lors de la Journée normande vétérinaire 2014 (organisée par la Fédération régionale des groupements techniques vétérinaires de Normandie). Peut-on avancer la théorie génétique qui postule que le vieillissement serait programmé dans l’ADN d’un individu ? Ou peut-on mettre en avant la théorie du processus d’oxydation qui altère les constituants cellulaires ? Il est impossible d’avancer l’une ou l’autre surtout lorsqu’on sait que la notion même de vieillesse chez le cheval ne fait pas l’unanimité ! En effet, certains placent la barre à 15 ans tandis que d’autres la voient plutôt autour de 20 ans…

 De nombreux facteurs sont susceptibles d’influencer la précocité du vieillissement. Les conditions de vie constituent le premier des paramètres. Tout excès – débourrage trop précoce, activité physique intense – est susceptible de conduire à une usure prématurée, notamment du système locomoteur. Ainsi, un cheval qui a beaucoup travaillé en club ou un athlète de haut niveau qui a participé à de nombreuses compétitions sera usé plus rapidement qu’un cheval de loisir, ménagé durant toute sa vie. En moyenne les chevaux cessent leur activité à 20,7 ans mais près d’un quart des retraités ont une activité modérée régulière (thèse vétérinaire d’Émilie Codron, « État des lieux de la gériatrie en pratique équine », École nationale vétérinaire de Lyon, 2004). Après 30 ans, la retraite est systématique pour tous.
[...]

 Pour le cheval comme pour toutes les autres espèces, le vieillissement a mécaniquement des conséquences, certaines physiologiques et d’autres pathologiques. Les principaux signes du vieillissement sont d’abord physiques et visuels : les poils grisonnent, les salières se creusent, la lèvre inférieure pend, le dos s’enselle peu à peu. Plus généralement, le cheval maigrit (souvent de plus de 10 % de son poids lié à l’amyotrophie ou la diminution du volume des muscles)… L’âge a également des répercussions sur les performances, sur la locomotion (raideur, boiterie) et sur le comportement. De la même manière, avec l’âge, le cheval perd de la masse musculaire et l’élasticité de ses tendons et de ses ligaments diminue, d’où une perte de vitesse, de force et d’endurance. La tolérance à l’effort diminue. Ces signes apparaissent plus ou moins tôt et certains chevaux semblent épargnés par les effets de l’âge.

 Outre ces modifications physiologiques, le vieillissement peut conduire à diverses affections. Évidemment, celles qui touchent l’appareil locomoteur sont prédominantes et se traduisent par de l’arthrose, frappant souvent plus d’une articulation, accompagnée d’une amyotrophie (les articulations affectées en priorité sont les articulations coxo-fémorale, tarsienne et carpienne). Que les propriétaires un peu profanes se rassurent : le vieux cheval est un champion de la compensation et réussit généralement à faire face à ces difficultés en soulageant ses articulations douloureuses ! C’est pourquoi les boiteries ne sont pas très fréquentes et ces affections locomotrices peuvent se traduire plutôt par des troubles comportementaux, des difficultés pour se coucher ou se relever, un amaigrissement lié à la douleur . Bien que non confirmée médicalement, la suspicion d’ostéoporose, entraînant des fractures spontanées, a également été avancée...Lire la suite...