Maltraitance animale Le Peta prend au piège Asmussen
L’affaire Asmussen a fait l’effet d’une déflagration outre-Atlantique. Elle a mis en cause Steve Asmussen (photo), n° 2 au classement des entraîneurs les plus titrés de l’histoire des courses de galop aux États-Unis (il a franchi le cap des 6 700 victoires en un quart de siècle…), et Scott Blasi, son bras droit. Pendant quatre mois, une certaine Rosie X a travaillé dans les antennes new-yorkaise et du Kentucky de Steve Asmussen. Or, il s’est révélé que la jeune femme était une “Peta-girl”. L’objectif de la toute-puissante People for the Ethical Treatments of Animals (Peta) ? Recueillir tous témoignages de “maltraitance animale” dans l’écurie de courses aux 250 millions de dollars de gains depuis 1988 ! Rappelons que l’influent quotidien New York Times avait déjà mené une retentissante campagne anticourses en 2012, alimentée par de très ciblées (et contestables) statistiques Peta d’accidents fatals sur les hippodromes.
Des sept heures d’enregistrement vidéo-audio incognito de sa taupe, le Peta a extrait une saisissante sélection. Au total, neuf minutes plus choquantes les unes que les autres qui visent principalement Scott Blasi. Quid des 6 heures et 51 minutes restantes ? Le Peta les garde et ne les livrera que sur injonction de la justice. Pris sur le vif, l’attitude de Blasi est accablante. Tout semble en faire un furieux de la médication qui tentait tout pour forcer le métabolisme des chevaux et les pousser au-delà de leurs limites. Et ce, avec la complicité de tous les acteurs de la chaîne, éminents vétérinaires compris. Blasi a été “éconduit” manu militari par Asmussen, lui-même sous le coup à dix motifs d’accusation de la part du Peta ; il a été lâché en outre par l’un de ses plus importants propriétaires, Ahmed Zayat, qui dit avoir appris par cette vidéo que son ex-espoir classique Nehro (deuxième du Kentucky Derby) avait été “chargé” pour supporter ses problèmes de pieds : de quoi suggérer un lien direct de cause à effet entre cet acharnement thérapeutique et la mort prématurée de Nehro…
Les méthodes activistes de Peta n’ont rien de surprenantes, car elles n’ont d’autre but que d’obtenir le statut d’“animal domestique” pour le cheval – un statut qui pourrait résulter à terme à l’interdiction de son exploitation à fins de compétition… Ses détracteurs notent au passage que chaque nouveau scandale réamorce le flux de donations privées, en direction de ses caisses… Et assurément, un scandale chez l’icône Asmussen fait recette. Pour sa défense, l’équipe Asmussen avance notamment que tous les traitements vétérinaires incriminés dans la vidéo sont légaux aux États-Unis. C’est là tout le problème car cette surabondante pharmacopée n’est légale qu’à la faveur de la permissivité des États-Unis, dénoncée de toutes parts. En effet, en matière de “traitements”, les États-Unis continuent de se singulariser comme le plus voyant des (rares) pays non-signataires des accords internationaux édictés par la Fédération internationale des autorités hippiques de courses au galop (FIAH).
Les courses outre-Altantique accusent un nouveau coup très sévère. « Plus jamais ça ! », s’est exclamé le vénérable Jockey Club américain, qui relaie (vainement) les principes de “tolérance zéro” de la FIAH. D’ailleurs, faute de pouvoir légal souverain et de moyens d’exécution, le dernier protocole du Jockey Club américain de “compétition hors médication”, conçu pour l’ensemble du pays, n’a été suivi que par 4 des 38 États où l’on court aux États-Unis ! Alors, serait-il concevable que le ménage soit fait d’autorité par le législateur, via le Congrès ? Beaucoup l’espèrent. Mais le Congrès, c’est aussi le lieu des décisions constitutionnelles, comme celle, par exemple, d’attribuer le statut d’“animal domestique” au cheval… La quadrature du cercle.