Culture

Seabiscuit, le crack de la Grande Dépression

Seabiscuit, le crack de la Grande Dépression
La fameuse course surnommée par la presse "le match du siècle" entre Seabiscuit et War Animal en 1938 ©

Peu estimé en début de carrière, Seabiscuit est devenu, grâce au courage et à la détermination d’un trio réuni par hasard, le cheval le plus riche de tous les temps. Élevé au rang d’icône nationale, il a fait rêver une Amérique en quête d’espoir, une Amérique broyée par la crise financière.

Alors que les États-Unis sont secoués par la Grande Dépression de 1929, un phénomène inédit noircit les manchettes des journaux, de New York à San Francisco, déplace les foules et fait vibrer tout un peuple. Pour la première fois dans l’histoire américaine, c’est un cheval de courses qui tient tout un pays en haleine.

 Son nom ? Seabiscuit. Ce ne fut pas le plus grand champion de l’histoire, mais son parcours lui valut la plus extraordinaire des popularités. La légende raconte que, peu estimé en début de carrière, le cheval est acheté, sur les conseils d’un obscur entraîneur, par un entrepreneur californien. Ce dernier le lui confie et embauche un jockey qui, délaissé par la gloire, boxe, pour survivre, dans des salles sordides. En achetant ce cheval et en choisissant ces deux hommes abîmés, à l’image d’un grand nombre de ses compatriotes, par la crise de 1929, l’homme d’affaires se lance, sans le savoir, dans l’une des plus belles aventures qu’un propriétaire de cheval de courses puisse imaginer.

 Le petit cheval “sans grand avenir” devient, grâce au courage et à la détermination d’un trio incertain réuni par hasard, le cheval le plus riche de tous les temps. Cette image séduit une Amérique en quête de revanche et d’espoir : subitement fascinée par cette réussite époustouflante, elle fera de Seabiscuit une véritable icône nationale, celle de “tous ceux qui ne devaient pas gagner”, sacrifiant ainsi au mythe du “rêve américain”…

 Seabiscuit voit le jour, à la fin mai 1933 dans le Kentucky, à Clairborn Farm, le célèbre établissement fondé au “pays de l’herbe bleue” par Arthur Hancock en 1910. Tous les chevaux de la Wheatley Stable sont élevés dans ce prestigieux haras. Originalité américaine à cette époque, cette association a été créée en 1926 par Gladys Mills Phipps dans le but de faire naître, élever et faire courir. Le père de Seabiscuit, Hard Tack, par l’illustre Man O War et une fille de Rock Sand, fut un crack : son caractère très difficile abrégea cependant sa carrière. Sa mère, Swing On, n’a jamais couru, mais elle est issue de la même souche maternelle et du même croisement de sang que le grand Equipoise, sacré cheval de l’année deux fois de suite en 1932 et 1933.

 Seabiscuit est donc élevé au milieu des futurs cracks de sa génération. Petit cheval bai zain (il n’a pas de blanc), le fils de Hard Tack “n’est pas une peinture” : il a, dit-on, les mauvais aplombs qui lui viennent de sa mère. Le jour où miss Gladys vient inspecter ses yearlings, comme tous les ans au printemps, Arthur Hancock oublie volontairement de lui présenter Seabiscuit parce qu’il le trouve vilain… Comme tous les poulains de sa génération, il est mis malgré tout à l’entraînement chez Sunny Jim Fitzsimmons...Lire la suite...