Cap sur les Jeux équestres mondiaux 2014
Malgré la défaite, il s’est passé quelque chose au sein de cette équipe. Elle en a plus que le nom… La finale Coupe du monde vient de s’achever à Lyon sur un zéro pointé des tricolores, une contre-performance que Philippe Guerdat, l’entraîneur de l’équipe de France de CSO, assume mais relativise du fait de l’absence programmée de tous ses chevaux de tête. Lui retient de ce rendez-vous lyonnais l’état d’esprit et la cohésion dont ont su faire preuve ses leaders qu’il fédère autour de son projet, le rendez-vous mondial à Caen en septembre.
Un entraîneur est un relayeur. Mais avant d’être un homme qui donne une direction, il a d’abord été celui qui observe, qui écoute. « C’est en moi, confie-t-il. J’ai toujours aimé entraîner. » Des deux entraîneurs suisses qui l’ont formé, Paul Meier et Viktor Morf, il retient la rigueur, le travail et la tenue.
Une équipe a besoin de caractères, de caps et d’interdits. Donc d’un meneur à sa tête. Il y a plusieurs manières de le devenir : le talent, l’intelligence, le charisme… Philippe Guerdat est une autorité dans la psychologie des hommes. Il trouve les mots, crève les abcès. Personnage fort et volontaire, ignorant la langue de bois, il a d’abord été le leader de son propre destin. « C’était un cavalier intuitif et talentueux, se souvient Pierre Durand, champion olympique en 1988. Il était gai, bravache, ouvert, avec beaucoup d’humour. »
Né à Bassecourt dans le Jura suisse, le 21 avril 1952, Philippe Guerdat opte pour la filière équestre à 20 ans après avoir passé sa maturité commerciale, l’équivalent du baccalauréat. Il intègre l’équipe nationale suisse au début des années 1980, seul Romand au sein d’un groupe à majorité alémanique. « Pour cette raison, poursuit Pierre Durand, il a toujours eu une réelle connivence avec l’équipe de France. La langue, la culture, tout nous rapprochait. » Présent aux jeux Olympiques de Los Angeles en 1984, puis de Séoul en 1988, il est double médaillé européen par équipe, d’abord en 1985 à Dinard, où les Suisses décrochent l’argent, puis c’est le bronze à Saint-Gall (en Suisse) en 1987. Deux autres succès à son actif : la Coupe des nations d’Aix-la-Chapelle en 1984 et le Grand Prix de France à Dinard en 1988. Pierre Durand se souvient : « il montait Lanciano, moi Jappeloup. C’était notre dernier concours avant les JO de Séoul et nous n’avions qu’une angoisse, blesser nos chevaux! Mais Dinard était un grand prix magnifique. Philippe s’y est imposé avec beaucoup de classe et je finis derrière lui. »
...Lire la suite...