"Pour moi, monter un cheval et réciter un poème c'est la même chose" - Bartabas
Quiconque a assisté à l'un des spectacles de Bartabas a pu se rendre compte que cette dramaturgie, tantôt flamboyante, tantôt austère, et cette dernière caractériqtique s'est de plus en plus accentuée au fil des années, participe de plusieurs formes d'art, outre la haute école : le théâtre, la danse, la musique et la poésie. Passionné de peinture, de Géricault à Soulages en passant par soutine, le créateur et chef d'orchestre de Zingaro n'est pas moins féru de poésie et de littérature. Des textes de Joseph Delteil et de Victor Segalen ont ainsi accompagné et magnifié plusieurs de ses opéras équestres, et lui-même a inspiré des écrivains, et non des moindres, de Jérôme Garcin à André Velter. Que la main de l'écuyer devienne, un jour, une "main à plume", l'évolution était prévisible. Déjouant les attentes, le premier livre de Bartabas, D'un Cheval l'autre, n'est pas une autobiographie classique, mais un autoportrait en ombre chinoise à travers l'évocation des chevaux qui ont fait rayonner le nom de Zingaro à travers le monde. Un livre de poète, où le lyrisme enflammé alterne avec la concision de l'aphorisme, un éloge sensible à la manière dont Saint-John Perse célébrait les éléments, un dithyrambe à la gloire des quelque quarante chevaux qui ont permis à Bartabas d'exprimer la singularité de son talent protéiforme : "Pour bâtir Zingaro, / il faut penser être irréductible, / il faut croire, vouloir et rêver, / et naître ainsi avec beaucoup de naïveté. / Comme Don Quichotte, / je veux que l'imaginaire soir vrai".
A lire page 50 de Jours de Cheval n°26.