Jean-Louis Sauvat, le géant magnifique
ARTISTE CAVALIER, ARTISTE CENTAURE, JEAN-LOUIS SAUVAT, SCULPTEUR ET DESSINATEUR DE RENOM, INCARNE L’ALLIANCE ENTRE L’ART ET L’ÉQUITATION. MAIS LA MAIN QUI DRESSE N’EST PAS LA MAIN QUI SCULPTE, ET C’EST LÀ LE FASCINANT PARADOXE DE SON OEUVRE.
Ses chevaux, qu’il représente souvent grandeur nature, sont désormais connus dans toute l’Europe et aux États-Unis. Cavalier expérimenté, Jean-Louis Sauvat a su unir la perfection de la mécanique du dressage au geste juste, rendant dans son oeuvre toute la vérité et la beauté du cheval. Ce géant débonnaire appartient au monde des grands sculpteurs et dessinateurs de l’art équestre, ce qui lui vaut des sollicitations croissantes.
UNE FORMATION RIGOUREUSE
Et pourtant, Jean-Louis Sauvat, qui fut, à 21 ans, le plus jeune enseignant d’art plastique des Beaux-Arts de Paris, ne dessinait pas initialement des chevaux. C’est une rencontre, déterminante, qui changea le cours de sa vie, celle du grand maître portugais Nuno Oliveira. Né en 1947, Sauvat est issu d’une lignée d’artistes. Sa maison avait été construite par Le Corbusier, à Lozère en vallée de Chevreuse, en Eure-et-Loir. Depuis son plus jeune âge, il a baigné dans l’odeur de la glaise, des vernis et de l’huile, un milieu de sculpteurs et de peintres reconnus dont le travail le fascine et l’inspire. Il n’a que 16 ans lorsqu’il entame sa formation d’artiste chez Met de Penninghem. Diplômé des Métiers d’Art (devenu le musée Picasso), il suit les Beaux-Arts en sculpture. Pendant quarante ans, il va enseigner le dessin et le volume à l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art (ENSAAMA). C’est de cette formation rigoureuse et du métier d’enseigner que lui vient sa technique irréprochable, préalable indispensable pour pouvoir se libérer des contraintes de l’académisme. De l’observation tout aussi exigeante des grands courants artistiques, dont il a su se dégager, est issue son originalité, nourrie des grands maîtres, tels Delacroix, Lautrec, Goya, Velásquez, Picasso, César, Bourdelle, Rodin ou Ipoustéguy… Un mélange d’influences dont il s’est libéré pour affirmer son propre style, si unique que ses oeuvres sont immédiatement identifiables.
DES RENCONTRES DÉCISIVES
Foisonnante, fougueuse, l’oeuvre de Jean-Louis Sauvat exprime d’abord le mouvement. Ses chevaux semblent animés d’une vie propre. Le trait leur confère un jaillissement qui vous emporte. L’artiste centaure peint l’instant où le cheval se propulse, libéré de son harnachement, libéré de l’homme qui le contraint, pour s’élancer vers la liberté.
Au début de sa carrière pourtant, Sauvat dessine, comme son métier l’exige, des corps humains, la nature, des végétaux. Mais il monte à cheval avec tant de bonheur, sous la férule du commandant de Padirac, qu’il vient de rencontrer à l’âge de 24 ans, qu’il hésite à embrasser une carrière équestre. L’instructeur lui dispense un enseignement exigeant, fondé sur la rigueur, l’art du geste juste. Des leçons dont il conservera la mémoire toute sa vie.
Devenir lui aussi professeur d’équitation ? Sa famille regimbe. N’est-il pas déjà un professeur reconnu d’arts plastiques ? Il se range à leur avis. Le dressage ne sera pas son métier, mais sa passion. Son “jardin secret”. En 1963, il découvre à travers des articles de la revue Plaisirs Équestres Nuno Oliveira. Il est subjugué par l’écuyer hors du commun qui incarne pour lui la grande équitation française. Plus tard, en 1982, il fera sa connaissance en fréquentant les stages de Chartres, créés par Gérard Dufresne, où le maître dispense son enseignement deux fois par an...Lire la suite...