“En Équilibre”, une agréable surprise
Harmonieux et juste, En Équilibre, le nouveau film de Denis Dercourt (Demain dès l’aube, la Tourneuse de pages) relate l’histoire de Marc (Albert Dupontel), paraplégique à la suite d’un accident sur un tournage (son cheval irascible lui a sectionné la moelle épinière), et de Florence (incarnée par la talentueuse Cécile de France) en charge de son dossier d'assurance. L’un vit sa reconstruction avec hargne et fougue (Albert Dupontel n’a été doublé que sur un seul plan), l’autre est bien rangée entre petite famille bourgeoise sans aspérités et carrière brillante au sein de sa compagnie. Mise à nue face à un boutefeu de volontarisme, Florence est vite désarçonnée et balaie l’artificialité de sa vie grâce à une très éphémère histoire d’amour avec Marc, le temps de se “recadrer”. Prenant conscience que monter à cheval est un art qui ne pactise pas avec la facilité, elle retrouve la joie que lui procuraient les notes de son piano et les partitions de musique classique. Denis Dercourt a déposé un voile de douceur sur la brutalité qui peut un jour surgir. Ses personnages, au pied du mur, périssent ou survivent. Ils n’ont pas le choix. Pour cet ancien altiste, la rédemption passe par les arts. Noble sésame. Et le cheval ? Cette petite comédie française, au scénario bien ficelé, est en réalité inspirée de l’histoire de Bernard Sachsé ou plutôt de son livre Sur mes quatre jambes (le Rocher, 2005) ; ce cascadeur reçut un coup de pied qui le laissa paraplégique en 1994. Élève du Pin, qui assoit son savoir sur une équitation académique, il ne baissa pas les armes et remonta à cheval. Après une médaille de bronze aux Jeux paralympiques d’Atlanta et de multiples aventures équestres, il revient au dressage, ses racines. Aujourd'hui avec sa femme Agnès, il met sa connaissance au service des cavaliers amateurs ou professionnels dans l’Oise à Tourly. Un homme de cheval et de volontés. Denis Dercourt, qui a demandé à Bernard Sachsé d’écrire les scènes équestres et de conseiller les acteurs, a posé un regard plein de tact sur la relation cheval-cavalier avec parfois trop de retenue, car c’est un monde qu’il ne connaît pas. Néanmoins le réalisateur a voulu que le cheval, présent à des moments clé et filmé sans niaiseries, joue les médiateurs entre Florence et Marc ; l’histoire, elle, se place davantage dans la description de leur rencontre jusqu’à ce que chacun trouve son point d’équilibre.